Cette semaine GOOD Vibes vous propose de poser un autre regard sur le handicap.
Née avec une surdité profonde, Virginie Delalande est avocate, conférencière et lauréate de concours d'éloquence ! Une interview inspirante à décourvir au plus vite.La société me renvoyait tellement de barrières que je ne voyais pas mon utilité, finalement, dans cette société, j'avais plutôt l'impression d'être un boulet.Malgré les barrières que la société dresse devant elle, Virginie Delalande a fait de son handicap une force. Elle partage avec nous son regard sur la différence.En maternelle tous les enfants sont acceptés avec leur handicap. On a un premier nettoyage au primaire et au collège on a très, très peu d'enfants handicapés qui continuent le cursus, on les oriente vers des établissements spécialisés, on demande aux parents de les prendre en charge, etc. Et ça, c'est déjà premier vecteur d'exclusion qui, en plus, est intégré par les enfants.
Ensuite, ils voient que le phénomène se reproduit d'année en année, et ils se rendent compte que c'est toujours le même profil qui est mis de côté, le handicap. Donc, c'est très cohérent de se dire : dans la vie professionnelle, ces personnes n'ont pas leur place puisque dans la vie scolaire on les met de côté donc on considère qu'ils sont incapables de fournir la même qualité de travail qu'une personne normale.
Ce qui est extrêmement dommage, c'est que nous avons un système qui a un double discours. D'un côté, il faut aider les personnes en situation de handicap, il faut qu’elles aient leur place dans la société, etc. mais de l'autre, toute la partie administrative, Éducation Nationale, ou les institutions, les associations portent un discours misérabiliste. On doit aider, on doit accompagner. Donc un vocabulaire qui ne met pas les personnes sur un même pied d'égalité par rapport à une personne qui n'a pas de problématique particulière.
On n'est pas dans un regard qui met sur un pied d'égalité et qui pourrait d'ailleurs être admiratif de tout ce que ces personnes-là justement développent pour affronter un regard, qui n'est quand même pas favorable au départ pour affronter des difficultés de la vie, qu'on va tous de toute façon rencontrer en vieillissant. Donc en fait toutes ces personnes-là ont une longueur d'avance. Elles savent comment gérer un confinement, parce qu’elles sont confinées toute l'année. Elles savent comment gérer des difficultés de communication, puisqu'elles le vivent tous les jours etc. Etc. Donc en fait on a une richesse de transmission de connaissances et d'informations, de philosophie personnelle sur la vie, sur une situation. Et c'est cette richesse-là d'un point de vue humain qu'on perd en plus des richesses de compétences et tout ça.
C’est avant tout, à mon sens, une question de regard qu'on va porter sur la personne en face. Parce qu'en fait l'autre est toujours différent de soi, mais il y a certaines différences, qui passent complètement inaperçues. Et il y en a d'autres qui dérangent et c'est là que la diversité commence. Donc la différence se cache dans l'œil de celui qui regarde et quand ce regard-là change, tout change.