Défendre ses intérêts coûte que coûte, couper la poire en deux, prendre la fuite... A chacun sa stratégie dans une situation conflictuelle. Chaque attitude a ses avantages et ses conséquences, positives et négatives, sur soi et sur les autres. Alors comment choisir la plus adaptée ? Sylvie Adijès, spécialiste de la gestion des conflits, nous éclaire sur les différentes postures du conflit et leurs répercussions.En fait, chacun de nous a des stratégies et la personne qui me l'a enseigné il y a longtemps disait que, par exemple, il était compétitif avec sa femme, dans l'évitement avec son assistante, dans l'accommodement avec sa fille chérie, dans le compromis avec son voisin...Compétition, évitement, accommodement, compromis, collaboration... Chaque attitude a ses avantages mais aussi des conséquences positives et négatives sur soi et sur les autres.
Quelle posture adopter dans une situation conflictuelle ?Il ne s'agit pas de se dire il y en a un qui est bien ou pas bien, parce que c'est vrai, on pourrait se dire la coopération, c'est le mieux.
Non, la coopération, ce n’est pas forcément le mieux.
Quand il y a une urgence, il vaut mieux être compétitif parce qu'on n'a pas le temps, il faut sauter du navire et il faut y aller.
Quand je suis très en colère, peut-être qu'il vaut mieux que je sois dans l'évitement ce jour-là, que j'aille faire le tour du pâté de maison pour me calmer avant de rentrer directement dans une conflictualité qui peut être agressive.
Quand la chose n'est pas tellement importante, je peux être accommodante parce que je ne vais pas me battre, "je choisis mes combats" comme on dit souvent.
"Couper la poire en deux" pour un compromis, oui, si on a besoin d'un truc rapide et concret, sinon sur du long terme, on va être perdant-perdant.
Donc en fait, chacun de nous a des stratégies.
Ce qui est assez intéressant, c'est de le repérer selon qu'on a du pouvoir ou pas sur l'autre et selon la nature de la relation qu'on a sur l'autre.
Après, intimement en nous, on a aussi un côté plus compétitif ou plus coopératif, ou plus dans l'évitement.
Ça, c'est la famille d'où on vient, l'univers dans lequel on a grandi et puis il y a des univers socioprofessionnels qui incitent à tel ou tel comportement.
Ce que quand même on repère nous dans nos métiers, c'est qu'il est mal venu d'être compétitif dans le relationnel au travail, même s'il est bien vu d'être compétitif avec les clients, avec une certaine forme de clientèle et qu'en réalité, la plupart des organisations sont dans l'évitement.
Il y a énormément d’évitement.
Il y a aussi beaucoup de gens qui sont accommodants pour diverses raisons.
Lien hiérarchique ou "la paix n'a pas de prix", " il me le revaudra bien ", etc., mais ça abime les gens d'être trop accommodants, c'est-à-dire que je cède, je cède, je cède, l'estime de moi va diminuer et au bout d'un moment, je vais me venger.
Donc, il ne s'agit pas de se dire c'est bien ou c'est mal.
Si vous êtes compétitif, c'est génial.
Simplement, comment vous allez améliorer la relation à l'autre parce qu'en général, le compétitif abîme assez facilement son interlocuteur parce qu'il a son objectif et il va y arriver.
Donc c'est génial, mais ça abime les autres et on n'aura pas tellement envie de retravailler avec lui.
Donc, quel pas-de-côté le compétitif peut faire pour adoucir sa façon d'être avec autrui ?
Parce qu'il manque peut-être d'une forme d'empathie ou de bienveillance avec les autres.
Celui qui est à l'inverse un accommodant un peu caricatural, c'est génial tout le monde l'aime, mais il se fait avoir, il est peut-être moins efficace pour arriver à générer quelque chose dans le travail.
Donc c'est intéressant parce que c'est non jugeant et il ne s'agit pas de dire faut être coopératif dans la vie.
Il y a un temps pour tout, il y a un moment plus adapté.