Lorsque le conflit débarque avec son lot de représentations négatives, c'est souvent compliqué de l'accueillir les bras ouverts ! Et pourtant derrière chaque conflit se trouve une opportunité. Comment se saisir des situations conflictuelles au travail et en profiter pour évoluer ? Explications avec Sylvie Adijès, spécialiste en gestion des conflits.Quand on est au milieu du conflit, on se dit c'est la crise.
Mais si on le voit comme une opportunité, et si les accompagnants le voient comme une opportunité, ça peut changer une vision du monde.Opportunité d'évolution, d'ouverture, de réorganisation...
Qu'est-ce que le conflit peut nous apprendre et comment s'en saisir dans l'entreprise ?J'aime assez la définition, la traduction par François Cheng de l'idéogramme chinois qui est Wēijī – 危机.
Dans Wēijī – 危机, il y a crise et opportunité.
Et en fait, lui, la façon dont il le traduit, c'est « la chance suspendue », avec la chance comme une opportunité en soi de transformer le conflit en quelque chose.
Donc en fait, c'est comment une organisation peut penser le conflit en termes d'opportunités.
Quand on nous dit il y a un conflit, il y a le relationnel et l'organisation du travail.
Et les gens nous saisissent en disant : « c'est le relationnel. C'est la cour de récré. C'est ceci, c'est cela ».
Mais l'organisation du travail a participé à cette conflictualité.
Et l'idée, c'est qu'on puisse détisser cela, parce qu'en réalité il y a très peu de gens qui ne peuvent pas se supporter comme ça ab initio.
Ils ne se sont jamais vus.
"Je ne peux pas vous supporter".
Non.
Et donc, il y a une organisation du travail qui participe à la conflictualité.
Donc l'idée, c'est que les managers, etc. apprennent d'un conflit qu'ils n'auraient pas su régler au bon moment.
Je prends l'exemple archi banal qu'on a tout le temps, tout le temps, tout le temps.
Il y a quatre collègues, il y en a un ou une qui va devenir le supérieur hiérarchique.
Ça, c'est un nid de conflictualité.
Parce que ce n’est pas accompagné.
Donc les collègues qui n'ont pas été choisis se demandent pourquoi.
L'autre qui est devenue le supérieur hiérarchique dit : « mais non, mais on va rester copines. Je vais vous soutenir et tout » sauf que non, elle a une fonction différente, etc.
Ça évolue et se créent à ce moment-là des tensions.
Comme par hasard, dans l'orga du travail, on met la supérieure hiérarchique derrière une vitre, alors qu'avant, elle était en open space avec les autres.
Et tout ça crée de la conflictualité.
C'est le moment où il lui arrive quelque chose dans sa vie personnelle qui fait qu'elle quitte le bureau un peu en plein milieu de la journée, sans avoir à s'en expliquer. « ah bah maintenant qu'elle est chef, pour qui elle se prend ! » etc. etc.
Et donc là, il y a bien une orga du travail qui a créé de la conflictualité.
Et si on se dit, c'est une opportunité de penser comment la prochaine fois que je fais monter quelqu'un dans une organisation, j'accompagne ça ?
Ça prend quelques heures à peine, mais c'est accompagné d'une parole et c'est accompagné d'explications qui peuvent être comprises par les uns et les autres.
L'idée, c'est que l'organisation, au lieu de, c'est un mot pas français, de « tabouiser » le conflit se dise : ça va nous faire évoluer.
Ok, on a un conflit, mais comment je vais prévenir sa récidive ? C'est-à-dire qu'est-ce que j'apprends de ce conflit-là pour ne pas le reproduire dans mon organisation ?